Ramène La Popotte

Opération Vergers ouverts écoresponsables

Opération Vergers ouverts écoresponsables

Pour l’opération Vergers Ouverts écoresponsables, il y avait deux sessions ; une le week-end du 9-10 Septembre et la deuxième celle du 23-24 Septembre.
Pourquoi deux sessions ? La réponse est simple : en fonction du lieu où l’on se trouve, les fruits sont mûrs avant ou le sont après. Par exemple, dans le Sud de la France, première session, il y a plus de soleil donc les fruits arriveront à maturité avant que dans le Nord.
Grâce à Cookzeweb, j’ai assisté aux portes ouvertes le samedi 23 Septembre.


Verger du Colombier
Nous avons eu la chance de pouvoir visiter le Verger du Colombier à Suzanne, petit village de la Somme.
Il appartient à Martin Noyon qui a repris l'exploitation familiale il y a 3 ans, plantée dans les années 80. Il est écoresponsable depuis le début, une culture raisonnée et durable et travaille avec la nature et la faune auxiliaire.
Un technicien travaille également sur le domaine, ce qui est appelé la phase d'observation ou de production, pour étudier et aider à la prise de décision sur les moyens et les solutions à mettre en œuvre et à appliquer si besoin.

Le verger est composé de 14 hectares de pommiers (Boskoop, Jonagold et Pirouette entre autres, il y a 10 variétés au total) et 5 hectares de poires (Conférence et Comice).
Il est à noter que la Pirouette est cultivée à 70% dans le nord.
Le Verger du Colombier s’approvisionne chez un pépiniériste au départ ou par surgreffe.

En 1992, a été créé l’atelier de jus de pommes pour mettre en valeur les fruits qui ne peuvent être commercialisés car ne correspondent pas aux critères de calibrage, de coloration, d’aspect ou de fraîcheur.

Cette année, la région a été touchée par le gel, ce qui a généré de gros calibres, très sucrés.
Normalement, tous les fruits ne sont pas gardés sur les rameaux mais compte-tenu du temps de cette année, cela permet de compenser avec les arbres qui n’ont rien ou peu donné.

C’est ce qui est appelé la taille d’hiver, on fait tomber les fruits les plus petits ou ceux de moins bon aspect pour laisser la force aux autres fruits. Elle représente 150 heures de travail de fin novembre au 15 mars.

Une autre taille est faite, celle d'été, réalisée pour favoriser la coloration des pommes et la préparation de l'hiver. Elle va favoriser l'entrée du soleil et la préservation des maladies.
Un arbre donne 200 pommes environ.

Nous avons eu une présentation avec les différentes étapes pour contrôler les pommes et savoir si elles sont bonnes à être cueillies.
Il y a plusieurs outils : le réfractomètre pour calculer le taux de sucre, le pénétromètre pour mesurer la fermeté et un test d’amidon.
Pour s’assurer de l’avancement de la maturité des fruits la surveillance est quotidienne.
1 – On enlève un peu d’épiderme (la peau du fruit).
2 – On enfonce délicatement le pénétromètre, tout doucement jusqu’à la limite. On le ressort et on regarde ce qui apparaît.
Le jour de notre présence, le résultat est de 8,2, ce qui est bon.
Pour savoir où l’on en est dans l’évolution du fruit, on se base sur une référence dans une grille avec sa variété (ici la Jonagold qui doit être entre 7,5 et 8).
La fermeté d’un fruit promet une bonne conservation et indique qu’il peut être cueilli.
Si une pomme est trop ferme, ce n’est pas intéressant gustativement et si elle est trop molle cela signifie qu’elle est trop mûre et donc la conservation ne sera pas idéale. Avec une bonne fermeté, le fruit peut être conservé jusqu’à 10 mois naturellement mais au froid.
3 – Ensuite, on mesure le taux de sucre : on prend de l’eau déminéralisée pour tarer le réfractomètre qui doit être à 0.
On récupère un peu de jus de la pomme dans le réfractomètre. Le résultat est à 14,8.
5 – Pour finir, on met du glycol sur la pomme qui va changer de couleur.
On se base là encore sur un barème pour savoir où en est le fruit. Il faut savoir que si il y a trop d’amidon, cela signifie que le fruit n’est pas mûr.


Verger écoresponsable, cela consiste en quoi ?
Une charte existe depuis 20 ans qui a évolué au fil du temps et porte sur l’utilisation de méthodes naturelles.
Il y a même un label, Vergers écoresponsables, depuis 2011, reconnu par le Ministère de l’Agriculture. C’est le premier de la filière fruits et légumes à avoir obtenu la Certification environnementale des exploitations agricoles de niveau 2 en 2013.
Il concerne la production des pommes, poires, pêches, nectarines et abricots.
C’est une agriculture raisonnée qui bénéficie d’un cadre légal depuis 2001 avec l’article L.640 3 du Code Rural. Le Décret n° 2002-631 paru au Journal officiel du 28 Avril 2002. 

Voici les 6 engagements qui sont définis :
- favoriser la biodiversité en verger,
- privilégier des méthodes de lutte biologique,
- raisonner les interventions en verger,
- récolter les pommes à la main à maturité optimale,
- garantir la traçabilité du verger au point de vente,
- faire contrôler le respect de ces bonnes pratiques par un organisme externe et indépendant.

Ce type de production est à mi-chemin entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle.
Est privilégiée et est utile la présence des coccinelles (lutte contre les pucerons), des mésanges (dévorent les insectes, les vers, les chenilles), des abeilles (pollinisation) et autres petites bêtes pour protéger les récoltes et pour le développement de la fleur au fruit.

La démarche est celle d’une agriculture durable et un cahier des charges strict, stipulant les bonnes pratiques de production dans les vergers doit être mis en place. Y sont consignées toutes les interventions, la traçabilité.
C’est aussi limiter l’utilisation de produits et priorisé les solutions naturelles.
Le crédo est la production de fruits sains, savoureux, de qualité tout en respectant l’environnement et la biodiversité dans les vergers.
Il y a près de 1300 pomiculteurs agréés Vergers écoresponsables réunis au sein de l’Association Nationale Pommes Poires, association française qui regroupe 255 adhérents et représente 1400 producteurs.
En 2017, cela concerne 65% de la production française et ne s’applique qu’aux pommes et aux poires.

Voici des exemples utilisés au Verger du Colombier
Traitement par des insectes.
Mettre en avant des moyens bio.
Des pièges à papillons (le carpocapse) pour limiter les vers de pommes (cela se développe autour des pépins). Les pièges sont relevés tous les 2-3 jours.
Des caoutchoucs imprégnés d'hormones. Cela va diffuser une hormone sexuelle, qui va éloigner et donc limiter la production des vers dans la culture mais ça ne va pas empêcher la reproduction des papillons. 88% des producteurs au niveau national utilisent cette technique.
Pour lutter contre la tavelure, l’ennemi n°1, les champignons des pommes, une station météo va mesurer le taux d'humidité, la température au printemps pour évaluer le risque et intervenir si besoin.
A l’automne, vont être broyées au pieds des arbres les feuilles pour éviter les foyers et la prolifération de tavelure (c’est la prophylaxie).
Mais parallèlement, les allées ne sont plus tondues sauf 1 fois par an avant la cueillette. Tout est laissé pour correspondre au mieux à l'état naturel et préserver l'environnement.
Du cuivre sur les feuilles pour les protéger peut également être appliqué. Elles sont ensuite nettoyées naturellement par la pluie.
L’implantation du typhlodromes pour enrailler l'araignée rouge (ce sont des acariens prédateurs).

Un audit externe est réalisé tous les ans par des laboratoires accrédités Cofrac pour contrôler la production jusqu'à l'analyse de résidus. Le résultat est affiché chaque année dans le magasin en direct.

Les pommiers vivent entre 10 et 20 ans en moyenne. Un peu plus pour les poiriers.
Il faut attendre 5-6 ans pour avoir une production correcte lorsque l’on plante un arbre alors que si l’on réalise un greffon cela passe à 3.


J’ai l’habitude d’aller à la cueillette, je tente d’adapter ma consommation et ai changé ma manière de cuisiner depuis quelque temps.
Pourtant, cela aura été une journée dépaysante et enrichissante. Nous avons même pu cueillir des pommes que nous avons pu ramener chez nous (inutile de vous dire que des recettes seront faites avec et que je vous les posterai). Nous sommes passées par le magasin pour ramener des douceurs. J'ai pris de belles poires et une bouteille de jus de pomme.

Suite à cela, on se demande pourquoi tout le monde n’adhère pas à l’agriculture raisonnée que ce soit dans les vergers ou de manière générale surtout si l’on sait que cela ne coûte pas plus cher et que l’on fait vivre notre écosystème.
Alors, tant que possible, il est préférable d’acheter chez le producteur directement afin de favoriser cet essor et surtout si l’exploitation est écoresponsable alors vous avez tout gagné !

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